Emmanuel Prunevieille, architecte directeur général et responsable de notre agence grand Ouest à Angers, est engagé dans le laboratoire des solutions de demain au sein de la CNSA mais également dans le groupe de travail médico-social de l’UAFS (Union des Architectes Francophones pour la Santé). Il est intervenu dans ce cadre-là aux Journées de l’Architecture en Santé de Bruxelles en mars dernier. Aux côtés de trois de nos confrères (Catherine Dormoy, Emmanuelle Ladet et Lucile Fabas Moreaux), il a animé un atelier baptisé : « Imaginer les lieux de vie pour nos aînés : Vers des espaces inclusifs, intergénérationnels et porteurs de bien-être. »
La prise en charge de nos aînés au sein des opérations médico-sociales est depuis plus de 30 ans au cœur des réflexions et des démarches de CRR. Ces dernières années ces opérations évoluent et notre agence s’approprie la question du virage domiciliaire et du bien-être dans les espaces de soins et de prise en charge des personnes âgées dépendantes.
La société change tout comme la conception du soin et de l’autonomie des personnes âgées.
La réflexion que tient à mener l’agence sur ce sujet, se nourrit – entre autres – de sa contribution active à l’Union des Architectes Francophones pour la santé. Le groupe de travail médico-social est composé d’une quinzaine de membres dont des architectes, industriels, ingénieurs, maîtrises d’ouvrage, AMO. Ce collectif a pour vocation de réfléchir à la prise en charge de nos aînés au cours des années à venir.
Les premiers résultats du travail menés par ces acteurs impliqués ont été présentés lors d’un atelier aux dernières journées de l’Architecture en santé de Bruxelles.
Partage d’expérience
Cet atelier a été l’occasion d’échanges avec des professionnels de la santé, qui ont eux-mêmes pu partager leur expérience de terrain. Contraintes financières et budgétaires, gestion des ressources humaines, adhésion du personnel, dialogue entre les familles et les résidents, technique et médicalisation des établissements… Autant de sujets évoqués qui doivent coexister avec les innovations proposées.
État des lieux
Plusieurs constats forts ont été dressés :
- Le nombre de personnes de plus de 60 ans augmente et va passer d’un quart de la population à un tiers en 2070. La tendance s’oriente vers le maintien à la maison le plus longtemps possible. Elle demande donc une offre de soins et de prise en charge à domicile importante qui, à l’heure actuelle, reste encore insuffisante.
Par ailleurs, les aides disponibles sont encore méconnues et manque de clarté dû au grand nombre d’associations et d’organismes impliqués.
- Le nombre de personnes âgées dépendantes augmentent également nécessitant des établissements plus sécurisés et techniques pour assurer les soins et la prise en charge. Quant aux soignants, ils ont besoin d’espaces de travail fonctionnels et parfois même hospitaliers pour maintenir la cadence des soins et assurer la marche de ces services. Comment maintenir un aspect domiciliaire pour les résidents/habitants au sein de ce futur paradigme.
Deux modèles de résidences seniors observés
Deux modèles de résidences pour les personnes âgées dépendantes sont aujourd’hui observés. D’un côté, les EHPADs conçus sur des modèles hospitaliers proposant des unités fonctionnelles, très médicalisées et sécurisées. De l’autre, émergent de nouvelles résidences Séniors structurées avec des unités plus petites inspirées du domiciliaire.
Deux modèles antagonistes, qui cherchent pourtant à se rejoindre pour offrir une prise en charge adaptée à l’individu tout en restant globale et cohérente. Ce jeu d’équilibriste demande à changer notre regard sur la vieillesse et la place des personnes âgées dépendantes ou non dans nos vies et notre société. Une place qui impacte directement la spatialité et implique la conception de nouveaux modèles d’habités pour les Séniors.
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